INTRODUCTION A LA DECADENCE.

Admin Messages : 66 Date d'inscription : 06/01/2011

Penelope Griffiths, jeune actrice de vingt trois ans à peine, connue notamment pour sa relation sulfureuse bien que très brève avec un certain candidat à la présidence dont nous tairons le nom, a été retrouvée morte hier soir dans sa chambre d’hôtel du Château Marmont. « Ce n’est pas la première fois que le Château Marmont est le théâtre d’un meurtre, mais rares ont été ceux qui furent commis avec une telle violence et un tel sadisme. C’est, de toute évidence, l’œuvre d'un dangereux psychopathe, » déclare l’inspecteur Marshall, en charge de l’affaire. En effet, le corps de la jeune femme tuméfié, malmené, puis coupé en deux avant d’être abandonné sur le tapis persan de la suite qu’elle occupait, traduit de l’extrême violence de ce crime.
Cette affaire n’est pas sans rappeler le meurtre sanguinaire de l’actrice Elizabeth Ann Short, vingt deux ans, dans la nuit du 15 avril 1947, qui lui avait valu le surnom de Dahlia Noir. Meurtre qu’on avait, d’ailleurs, jamais élucidé. L’inspecteur Marshall, alors à l’aube de sa carrière, se souvient encore de la découverte du corps, sur un terrain vague à l’est de Los Angeles, comme l’un des spectacles les plus effroyables auquel il ait jamais assisté. « Quand j’ai passé la porte de la chambre de Penelope Griffiths, j’ai cru, pendant un instant, que j’étais de nouveau sur le terrain vague, le soir où l’on a découvert cette pauvre Elizabeth Short » déclare t’il, lors d’un entretien particulier. « J’ai l’intime conviction que l’assassin de Penelope Griffiths est également celui d’Elizabeth Ann Short, et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter ce monstre sanguinaire. »

Le meurtre de Penelope Griffiths, aussi abominable soit il, semble toutefois profiter au Château Marmont, provoquant chez les célébrités et autres riches hommes d’affaires un regain d’intérêt pour l’hôtel mythique, autrefois délaissé au profit de lieux plus modernes et plus en vue. Malgré plusieurs tentatives, aucun membre du personnel du Château, connu pour sa discrétion légendaire, n’a souhaité faire de déclaration à ce sujet…

Penelope Griffiths était, tout comme celle qui l’a précédée dans cette affaire tragique, d’une beauté dangereuse et d’un talent tout à fait relatif. Elle n’était ni vraiment douée ni vraiment mauvaise pour la comédie, bien qu’on lui reconnut un certain don pour le chant. Mais plus que tout cela, c’était son sourire mutin, son regard tentateur et sa blondeur candide qu’on lui enviait partout. C’est peut être cela aussi qui aura causé sa perte.

J. A. DONOVAN pour The Daily Los Angeles
(première de couverture), numéro du ------- 1959.

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